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Photo du rédacteurAleksandra Kovacevic

Atala Stamaty-Varcollier (1803-1885)


Une femme copiste proche d'Ingres


Les origines familiales d’Atala Stamaty

Née le 11 août 1803 à Rome, Atala Stamaty est la fille de Constantin Stamaty, agent secret d’origine grecque au service de la France sous la Révolution puis sous Napoléon et consul de France, à Civita-Vecchia, en Italie. Il est représenté, au centre, en présence de sa famille dans l’un des plus célèbres portraits dessinés d’Ingres (fig. 1), La Famille Stamaty, sur lequel figure Atala au piano, à gauche, isolée du reste du groupe familial. Filleule de Pauline de Beaumont et de Chateaubriand, Atala Stamaty porte le prénom de l’héroïne du roman de l’écrivain, Atala ou les Amours de deux sauvages dans le désert, premier succès qui propulsa ce dernier sur la scène littéraire en 1801.

Le port de ce prénom peu ordinaire fut l’une des conditions de Chateaubriand, imposée à la famille, pour qu’il devienne son parrain, faisant d’elle la première femme à s’appeler ainsi. Cette originalité ne fut pas du goût du prêtre lors du baptême. L’affaire remonta alors au cardinal gouvernant qui s’y opposa également. Le consentement est finalement donné par le pape : « Il n’y a pas de sainte Atala ; il ne lui reste plus qu’à le devenir », et elle fut prénommée « Pauline, Marie, Françoise, Atala ». Après avoir obtenu gain de cause, le 11 août 1803, à l’église San Lorenzo in Lucina à Rome, Chateaubriand assista à la cérémonie du baptême. Cette affaire aurait été colportée en septembre 1803 par Carcaud et Artaud de Montor, historien et diplomate, commérage quelque peu défavorable à l’image de Chateaubriand. Par la suite, Atala épouse Michel-Augustin Varcollier, chef de la Division des Beaux-Arts de la Préfecture de la Seine.



Copiste, artiste et élève d’Ingres

Saint André est représenté à droite de la composition, dépouillé de ses vêtements, sur une croix. Il regarde le ciel peuplé d'anges. A ses pieds, des personnages s'agitent autour de lui (femmes enfants, soldats).
Fig. 2. Atala STAMATY-VARCOLLIER, Martyre de saint André, d'après Guillaume Courtois;1856,copie d'après Guillaume Courtois, Bordeaux, cathédrale Saint-André (photo © Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel/Chabot).

Atala Stamaty mène une carrière de copiste professionnelle. Elle reçoit en effet plusieurs commandes pour copier des tableaux religieux du musée du Louvre (voir tableau). En 1831, sa toile La Sainte Famille d’après Raphaël est achetée par l’État. Une deuxième version est également commandée en 1849 puis déposée à la mairie de Nantes la même année. Loin de se cantonner à la Renaissance, Atala Stamaty réalise également des copies de grands maîtres du XVIIe siècle telles Le Christ mort au pied de la Vierge d’après Simon Vouet, en dépôt à la mairie de Marseille depuis 1852, ou encore le Martyre de saint André d’après Guillaume Courtois, en 1856, conservée aujourd’hui dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux (fig. 2). Cette dernière est l’une des rares copies faites à Rome, à l’église Saint-André du Quirinal, et non au musée du Louvre. En revanche, La Pâmoison de la Vierge réalisée en 1848 n’est autre qu’une copie d'après un tableau exécuté en 1846 par Oscar Varcollier, fils de l'artiste, ce qui est une démarche assez inédite à l’époque.








Un tableau présente la liste des copies et donne les informations suivantes: prix, achat/commande, lieu de conservation de la copie.
Tableau. Liste des copies d'Atala Stamaty-Varcollier. (source : CNAP et pop.culture.gouv.fr © tous droits réservés)

Sous la monarchie de Juillet, en pleine transformation de la résidence royale de Versailles en musée dédié à l’histoire de France, elle est sollicitée par Louis-Philippe pour réaliser des copies de personnages célèbres destinées à enrichir le musée historique en 1837 : sa copie d’Éléonore d’Autriche (1498-1558) d’après Joos Van Cleve (fig. 3) ainsi que Marguerite de Valois, reine de France (1492-1549), d’après un portrait du XVIe siècle, s’inscrivent dans cette logique. Elle réalise également des œuvres originales comme Childéric Ier (539-584), roi des Francs, en 1837 (fig. 4), toujours pour Versailles, et le portrait de Louis-Antoine-Dominique, comte Klein (1761-1845), un général et homme politique français de la Révolution et de l’Empire.



Atala Stamaty reste davantage connue pour ses copies d’après des œuvres d’Ingres dont elle est l’élève. L’Autoportrait à vingt-quatre ans d’après Ingres en est un témoignage (fig. 5). Il s’agit de l’un des plus célèbres autoportraits du peintre (fig. 6).


Selon la tradition, le visage d’Atala, enfant, aurait servi de modèle à celui de la Grande Odalisque d’Ingres (fig. 7) dont elle a également fait une copie partielle, représentant uniquement le visage et le turban, en 1816 (en pierre noir et rehaut de blanc sur papier), aujourd’hui conservée au musée de Montauban. Une copie de la tête de l’Odalisque est d’ailleurs suspendue au mur, au-dessus de la tête d’Atala, dans le Portrait de la famille Stamaty (fig.1) et dotée de caractéristiques physiques très similaires à l’adolescente. Ingres reste très proche de la famille Varcollier : un portrait d’Atala en 1855 en est un témoignage exemplaire. Un autre très beau portrait, réalisé par Henri Lehmann, également élève d’Ingres, a été récemment acquis par le musée de Chateaubriand (voir l'image). Ce musée possède d’Atala une étude de jeunesse représentant la Tête de Minerve (mine de plomb sur papier) témoignant du talent précoce de la jeune femme qui meurt le 5 septembre 1885 à Paris.


Aleksandra Kovacevic


Sources et bibliographie


CHEVALLIER Alix, COTTIN, Madeleine, PIERROT, Roger, Chateaubriand le voyageur et l'homme politique, réed. Catalogue d’exposition, (15 janvier-février 1969), Paris, Bibliothèque nationale, 1969. [en ligne]. URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5839401b.r=%22atala%20stamaty%22?rk=21459;2


« Qui était Atala Varcollier », dans le Guide Vallée-Culture Haut-de-Seine, juillet-août 2019, p.28-29. [en ligne]. URL : https://applis.hauts-de-seine.fr/publications/progMuseesHautsDeSeine/49/30/


SALMON, D. Salmon, Ingres, la grande Odalisque, Musée du Louvre, coll. Solo, 2006, p. 24-25.

Site de la collection des arts graphiques du musée du Louvre: http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/0/imprimer/16760-La-famille-Stamaty


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