Clémentine Pépin est une artiste miniaturiste française de la deuxième moitié du XIXe siècle. Peu de choses sont connues à son sujet, et donc beaucoup reste à découvrir.
Elle est née à Orsay au XIXe siècle. Ses dates de naissance et de mort sont inconnues.
Les catalogues du Salon officiel permettent d’apprendre qu’elle était l’élève de Mme Aimée Chéron, artiste miniaturiste, de Monsieur Cordier et d’Edouard Brandon.
Une artiste miniaturiste au Salon
Clémentine Pépin expose au Salon officiel à Paris (palais des Champs-Elysées) entre 1866 et 1878. Nous connaissons la liste des œuvres exposées (tableau 1) grâce aux catalogues de Salon et à la base de données Salons.
Toutes les œuvres exposées sont des miniatures, c’est-à-dire des petits formats peints. De nombreuse femmes artistes s’illustrèrent dans ce domaine, si bien qu’à la fin du XIXe siècle l’art de la miniature était associé aux femmes. Ainsi, Gabrielle Debillemont-Chardon (1860-157), elle-même miniaturiste, le qualifiait d’ “art d’agrément à l’usage des jeunes filles à marier” (1).
La copie d’un support à l’autre : la miniature
Neuf des œuvres exposées sont à certitude des copies car elles comportent la mention “d’après”. Il s’agit d’une copie d’un support à l’autre : à partir d’une peinture de grand format, Clémentine Pépin réalise de petits formats, et cela souvent sur ivoire.
Clémentine Pépin fréquente le musée du Louvre pour copier les œuvres. D’une part, plusieurs œuvres copiées sont encore aujourd’hui conservées au musée du Louvre. D’autre part, nous retrouvons son nom dans les archives des musées nationaux, notamment dans les demandes d’autorisation à copier (2).
La réception critique
Le œuvres de Clémentine Pépin furent commentées à l’occasion du Salon.
“Mlle Clémentine Pépin exposa, l’an dernier, une copie de la Vierge au voile, miniature qui lui valut de justes éloges. Cette année, elle envoie un portrait que nous trouvons au-dessous de son talent ordinaire. La figure manque d’expression et la couleur de vie. Or, chez Mlle Pépin, ce que l’on peut louer davantage est ordinairement l’énergie du coloris; il y a une grande vigueur dans ce jeune talent. Nous l’attendons l’année prochaine pour un travail plus important. Sa petite tête de Cérès, d’après le tableau de Lesueur, est charmante.” (GUEULLETTE Charles, Les peintres de genre au salon de 1863, Paris, Gay Editeur, 1863, p.61-62)
“Les dessins, le émaux, les miniatures, les parures, etc., etc., contiennent des oeuvres très recommandables. [...] les miniatures de Mmes Parmentier, Monvoisin, Lapoter, Clémentine Pépin [...] méritent les plus grands compliments.” (Z., “A travers le Salon”, La Gazette de France, 29 juin 1874, p.1)
Une copiste professionnelle : les achats de l’Etat
Cinq œuvres de Clémentine Pépin ont été commandées et achetées par l’Etat. Elles sont connues grâce à la base de données Arcade, et semblent toujours conservées par différents musées.
En raison de cet achat, deux d’entre elles furent photographiées lors du Salon : La Joconde (achetée en 1874 pour 1200F) (fig. 1) et L’Enfant Jésus, la Vierge et Sainte Anne, d’après Léonard de Vinci (commandée en 1872, achetée en 1875 pour 1500F) (fig. 2).
Liste des œuvres conservées
Peu d'œuvres de sa main sont aujourd’hui connues.
Œuvres conservées dans les collections publiques françaises
- d’après François Boucher, Diane au bain, 1879, peinture sur porcelaine, achat de l’Etat par commande de l’artiste, Puteaux ?, Centre national des arts plastiques ?, FNAC 86.
- d’après Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne, gouache sur feuille d’ivoire contrecollée sur un carton fin puis sur un carton épais, 21 x 14,5 cm, achat par commande à l’artiste (1872-1875), Besançon, musée des Beaux-arts et de l’Archéologie.
- d’après Léonard de Vinci, La Joconde, vers 1874, peinture sur ivoire, 22 x 15 cm, signé en bas à gauche : “C Pépin / d’après Léonard de Vinci”, achat de l’Etat au salon (1874), Limoges, musée des Beaux-arts ?.
- d’après Raphaël, La Vierge au voile, huile sur toile, achat de l’Etat en 1873, Le Mans, Musée de Tessé.
- La Madeleine priant, gouache sur bois, 12,4 x 10,2 cm, Senlis, musée d'Art et d'Archéologie.
Œuvres conservées en Angleterre
La Royal Collection Trust (Londres) conserve deux miniatures réalisées à l’aquarelle sur ivoire par Clémentine Pépin en 1871, des copies d’après Reginald Easton Ces oeuvre ont peut-être été commandée par la reine Victoria. L’une représente la Princesse Helena Victoria de Schleswig-Holstein, l’autre le Prince Albert de Schleswig-Holstein.
Ainsi Clémentine Pépin semble avoir fait carrière dans la miniature, comme l'atteste ses participations au Salon, et surtout les commandes reçues de la part de l'Etat français, et même peut-être britannique. Beaucoup de choses restent sans doute à découvrir autour de cette artiste...
Ludivine Fortier
Notes
(1) DEBILLEMONT-CHARDON Gabrielle, La miniature sur ivoire. Essai historique et traité pratique, Pari, H. Lauren, 1909, p.60.
(2) Par exemple : Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, 20144790/125 (Archives des musées nationaux, Département des peintures du musée du Louvre (série P). volume 13 (sous-série P18), Règlements et autorisation de la période 1866-1961)
Sources et bibliographie
“Pépin, Clémentine Antoinette”, Oxford Art Online. Benezit Dictionary of Artists, en ligne, mis en ligne le 31 octobre 2011, consulté le 9 janvier 2020.
LESBROS Camille, La création artistique des femmes au musée d'Orsay : renaissance de la miniature au tournant des XIXe et XXe siècles, Mémoire d’étude en Histoire de l’art, sous la direction de THOMINE-BERRADA Alice, Ecole du Louvre, 2018.
Base de données Salons.
Base de données Arcade.
Centre national des arts plastiques, Collections en ligne.
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