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Photo du rédacteurAgathe Riobé

Le portrait d'apparat de l'impératrice Eugénie

En 1853, Franz-Xaver Winterhalter, portraitiste officiel des cours européennes, est chargé de réaliser le portrait officiel de l’impératrice Eugénie, en pendant de celui de l’empereur Napoléon III. Réalisés en pied, ces deux portraits, exposés au Salon de 1855, étaient conservés au château des Tuileries et ont brûlé dans l’incendie du château en 1871. De ces tableaux, nous conservons de très nombreuses copies.


En effet, près de 400 copies ont été réalisées entre 1855 et 1870 d’après le portrait de l’impératrice Eugénie par Winterhalter. Ces copies étaient destinées à être envoyées comme portrait officiel, telles nos photographies du président de la République aujourd’hui, dans les administrations ou offertes à d’autres chefs d’état. Ces copies étaient déclinées en deux versions : une version en pied respectant les dimensions du tableau d’origine (environ 250 x 150 cm), et une version de l’impératrice à mi-corps, de dimensions réduites (environ 140 x 100 cm). Le prix de la copie était fixe, que le copiste soit un homme ou une femme, un artiste de renom ou pas : 1 200 francs pour un tableau en pied et 600 francs pour un portrait à mi-corps.


Les Archives nationales, dans la série F21, conservent les documents concernant ces commandes, permettant d’identifier les auteurs de ces copies. Malheureusement, la plupart de ces copies ne se trouvent plus dans l’administration dans laquelle elles avaient été envoyées et sont portées disparues. En effet elles ont été décrochées après la défaite de Sedan et la chute du Second Empire en 1870 et on perd ensuite leur trace.



Parmi ces artistes copistes, nous trouvons de nombreuses femmes. Rien que pour l’année 1861, l’administration des Beaux-arts avait commandé 63 copies du portrait de l’impératrice dont 30 ont été réalisées par des copistes femmes. Dans le même temps, seulement 12 des 114 copies du portrait de l’empereur commandées ont été exécutées par des copistes femmes. Ainsi, Anne Valade a réalisé une copie à mi-corps du portrait de l’Impératrice, qui a été déposée en 1866 à la sous-préfecture de Villefranche-de-Rouergue, dans l’Aveyron. Louise Adelaïde Desnos a exécuté une copie en pied, déposée en 1861 au conseil général de la Vienne à Poitiers (fig. 1). Delphine-Gabrielle Keller et Hélène Lefèvre ont réalisé chacune une copie du portrait à mi-corps, déposée en 1869 respectivement à la sous-préfecture de Saint-Girons, dans l’Ariège, et à la sous-préfecture d'Espalion, dans l’Aveyron. Charlotte Pierret a reçu, elle aussi, la commande d’une copie à mi-corps, en 1869. Mais la chute de l’Empire l’a empêchée d’atteindre son lieu d’affectation, la sous-préfecture de Sarrebourg.





Certains artistes ont reçu plusieurs commandes de copies du portrait. Ainsi, Mme Phalipon a réalisé pas moins de huit portraits à mi-corps de l’Impératrice, entre 1858 et 1869, pour différentes sous-préfectures de France métropolitaine. Armande Pin, quant à elle, a été chargée de réaliser au moins cinq copies du portrait, dont une en pied en 1868 pour Versailles et qui est actuellement conservée au château de Compiègne (fig. 3). Elle avait également reçu en 1863 la commande d’une copie destinée à Sa Majesté le roi de Madagascar, Rodama.

Le portrait original se trouvant aux Tuileries, c’est d’après une copie de celui-ci que les copistes devaient travailler. Ainsi, la copie (non localisée) exécutée par Mlle Coignet en 1862 est accompagnée de la mention : « Cette copie sert de modèle, à réserver ».



La copie avait donc un rôle essentiel pour les souverains, puisqu’elle permettait de diffuser leur image à travers le pays mais également auprès de dirigeants étrangers. Elle a aussi aujourd’hui une valeur patrimoniale pour nous, puisqu’elle nous permet de conserver le souvenir de tableaux disparus.




Agathe Riobé




Sources




Base Palissy du Ministère de la Culture :


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